Sommes-nous réellement aux commandes de notre vie ? Ou serions-nous « agis » par des tas de mémoires imprégnées dans notre chair ? Ces mémoires nous pousseraient-elles à revivre toujours les mêmes schémas jusqu’à ce que nous acceptions d’aller les éprouver et les désactiver au tréfonds de notre corps ? C’est ce que soutiennent Myriam Brousse, psychothérapeute, fondatrice de l’Ecole en Mémoire Cellulaire, et sa fille Véronique Brousse, créatrice de la Bio-résonance Cellulaire. Toutes deux nous invitent à une descente progressive dans le corps, un courageux chemin de conscience et de libération.
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Myriam Brousse a 40 ans lorsqu’elle se retrouve hospitalisée, baignant dans son sang, condamnée par la médecine pour cause de cancer des ovaires, trop avancé. Impuissante et écartelée de douleur, elle reçoit alors la visite d’un sage tibétain, envoyé par l’une de ses amies, qui peu à peu va lui apprendre à porter sur la vie un nouveau regard… « Il m’a ouvert les portes d’une autre existence où l’on se libère plus qu’on se guérit. Il m’a aidée à réveiller la mémoire de ma chair, qui portait en elle l’origine de mes douleurs, les empreintes et les impacts de toutes les crispations de mon existence et de mon héritage. Il m’a montré comment ne pas en avoir peur et suivre cette mémoire jusqu’à sa source pour la désamorcer et m’en délivrer », écrit-elle dans son livre Votre corps a une mémoire. Au fil des années, au plus profond de ses cellules, Myriam retrouva la trace de la disparition de sa mère, de l’indifférence cruelle de son père, de la haine tenace de sa famille… « Rien de tout cela ne m’avait été raconté mais tout était là, en moi, engrammé dans ma chair », insiste-t-elle. Aujourd’hui âgée de 80 ans, elle accompagne à son tour de nombreuses personnes, leur donnant les moyens de ne plus être victimes de leur passé. Inspirée par le travail de Mère1 et Sri Aurobindo, la méthode d’investigation en mémoire cellulaire qu’elle a mise au point repose sur le constat que « tout ce que notre esprit s’est efforcé d’oublier, notre corps le porte en lui. Il s’en souvient et continue d’agir en fonction».
Notre corps serait ainsi pétri des mémoires heureuses et malheureuses qui ont jalonné notre existence depuis notre conception, mais aussi de celles de nos parents et ancêtres. D’après Véronique Brousse, si le mental trie et analyse ce que nous vivons, et cherche toujours à nous maintenir dans notre zone de confort, quitte à déformer ou amnésier le souvenir de ce qui a été vécu, le corps, lui, n’a pas cette capacité. « Quand un événement survient, une vibration se propage. Tous nos sens s’en imprègnent et celle-ci vient s’inscrire brute de forme dans notre corps ». Rejoignant la pensée de Teilhard de Chardin selon laquelle nous serions des êtres spirituels venus faire une expérience dans la matière, les deux femmes ajoutent que notre corps est également chargé de toutes les mémoires émanant de notre « continuum de conscience ». Pour Véronique, notre vie actuelle ne serait qu’un passage parmi d’autres passages sur différents plans : « Lorsque nous nous incarnons, nous arrivons avec un projet-sens. Nous attirons les parents dont nous avons besoin pour accomplir ce projet qui va imprégner notre corps dans les 18 mois précédant notre naissance. Ce projet est en lien avec la masse d’expériences que nous avons déjà faites sur notre chemin d’évolution et avec les nouveaux défis que nous nous proposons. Cela nous donne une vibration de base qui va « résonner » en nous et autour de nous et qui pourra évoluer au fil de notre vie en fonction de notre ouverture de conscience. » « Cette capacité de se voir être, pensant et agissant, est le grand cadeau qu’a fait l’énergie créatrice à l’être humain! s’exclame Myriam. Plus notre conscience va s’éveiller, plus on va pouvoir se voir et se libérer. »
La blessure initiale
Si nous pouvons généralement identifier plusieurs événements traumatiques qui ont marqué notre existence, pour Myriam et Véronique Brousse, tous ces chocs de notre vie viendraient en résonnance avec une blessure, plus profonde que les autres, autour de laquelle nous nous serions construits. D’après les 28 années d’expérience de Véronique, cet impact de l’origine venu choquer et marquer notre corps se situerait toujours dans les 18 mois précédant notre naissance. Durant les neuf mois avant la conception, nous n’existons pas encore dans la matière, mais nous nous imprègnerions déjà de la pensée et de la vibration de nos parents. « Cette période pendant laquelle ils ont caressé ou pas le projet d’avoir un enfant compte beaucoup dans notre construction, insiste Myriam. Nous venons de leur imaginaire, de leur univers mental et psychique, de leur propre existence elle-même chargée d’une multitude de paramètres conscients ou inconscients. » L’acte créateur dont chacun de nous est issu serait un autre élément important de notre constitution, ainsi que les neuf mois de la gestation pendant lesquels nous enregistrons toutes les données du contexte parental. « L’embryologie nous indique que la peau du fœtus vient du même feuillet embryonnaire que celui des cellules du cerveau. Tout comme lui, cet organe sensitif a la capacité de stocker des informations dans sa mémoire », écrit Véronique dans son livre Si mon corps m’était conté. « Tout ce que les parents, et notamment la mère, vont vivre, penser, rêver, etc. va impacter le fœtus. Cet environnement vibratoire informe le corps du bébé. Il s’inscrit partout en lui. Il coule à travers nous comme le sang coule dans nos veines ! »
Dans cet univers de sensations matricielles au cœur duquel nous nous sommes bâtis, Myriam décrit la blessure initiale comme une écharde dans la chair. Un caillou qui empêche l’énergie créatrice de circuler librement dans notre vie. Grandissant, nous nous arrangeons pour ne pas le réveiller, mais un certain nombre d’autres événements vont venir le faire grossir jusqu’à devenir un roc qui nous empêche d’avancer. « L’énergie concentrée dans ce point d’impact va se diffuser par ondes de plus en plus larges nous amenant à revivre les mêmes actions et réactions dans un cercle infernal, reprend-t-elle. Ces schémas répétitifs ne sont pas que ravageurs. Tout comme nos maladies et symptômes, ils sont presque des bénédictions qui nous obligent à aller voir ce qui est écrit au plus profond de notre chair. En réveillant la blessure initiale, ils nous mettent sur son chemin. Comme le disait Young, « ce qui ne remonte pas à la conscience, revient sous forme de destin. » » « En ce sens, la mémoire cellulaire n’est pas quelque chose d’ « ésopété », ajoute Véronique avec humour. Elle est très réelle, concrète, vérifiable dans les événements de notre vie. »
Transformer dans la matière
Dans l’accompagnement de leurs patients, tout commence par une écoute profonde : « Raconte-moi ton histoire…. ». Puis, les deux femmes utilisent l’outil des Cycles Biologiques Mémorisés mis au point par Marc Fréchet afin de commencer à repérer au travers des événements répétitifs et des dates anniversaires les messages de l’inconscient et le projet-sens. Enfin, elles accompagnent les personnes dans un processus de descente dans le corps, traversant une à une les couches intellectuelle, émotionnelle et sensorielle pour arriver enfin à la couche physique au creux de laquelle est engrammée la mémoire du corps. « La mentalisation est souvent énorme. La personne s’en tient à ce qu’elle sait, à ce qu’elle pense de son histoire et à ce qu’elle veut bien en retenir. Mais il faut aller plus loin ! On ne peut transformer autrement que dans la matière !», soutient Myriam.
A la méthode mise en place par Myriam, Véronique Brousse ajoute la Bio-résonance Cellulaire qu’elle a elle-même développée dans le but de donner la parole au corps « qui connait sa vérité ». Cet outil permet de capter l’onde de résonance du corps du patient, à partir de son avant-bras, de la mettre en mots et de remonter jusqu’à l’empreinte initiale. Issue de la kinésiologie, la Bio-résonance Cellulaire s’en distingue, étant basée sur l’écoute vibratoire du corps et non sur la résistance musculaire. « D’un point de vue pratique, la méthode s’appuie sur une succession de tableaux passant par les différents stades de la vie humaine. Pour naviguer dans ce fichier, j’ai créé un protocole construit en fonction du trajet de la mémoire du corps. Dès que le praticien sent une différence de fréquence dans sa main, il s’arrête sur le mot donné par le corps. La résonance du mot juste va immédiatement impacter la matière. ».
Les informations rapportées par Véronique et Myriam Brousse et par les praticiens qu’elles forment à leurs méthodes respectives viendront compléter celles que les patients iront d’eux-mêmes chercher en interrogeant leurs parents, en fouillant leur généalogie, en réveillant leurs souvenirs, en reconstituant leur histoire. Au fil du temps, un faisceau de preuves apparait, pointant comme un laser l’évidence de la blessure. « C’est un travail bousculant car il demande à la personne de s’investir complètement. En ce sens, ce n’est pas une thérapie. C’est un chemin de conscience à visée thérapeutique, précise Véronique. Mais être informé de ce dont je suis porteur ne suffit pas. Il me faut maintenant L’ACCEPTER. L’acceptation est fondamentale pour que le retournement ait lieu. Est-ce que j’accepte d’avoir reçu en lègue ceci ou cela de ma mère ou de mon père ? Est-ce que j’accepte d’être fait de ça, issu de ça, porteur de cette ombre comme de cette lumière ?»
« Les sensations nous font descendre dans un endroit où se cache la résistance la plus forte, ajoute Myriam. Là, on se heurte à un mur, un refus massif d’aller au-delà ce qui nous bouleverse dans tous nos sens. Il n’y a qu’un moyen de franchir ce mur, c’est d’accepter de ne pas y arriver. Baisser les armes. Se rendre compte qu’on est impuissant à se protéger des douleurs, des peurs, des chagrins dont on est miné. Se laisser prendre par eux pour y plonger jusqu’au bout, et se retrouver enfin au cœur de soi-même ! Ca se fait quand on lâche ! ».
Quand, enfin, la blessure a été reconnue et éprouvée dans le corps, un éclair de conscience vient toucher la matière et l’écharde peut quitter la chair. L’énergie peut se remettre à circuler. « La mémoire ne disparait pas, conclut Myriam. Mais elle est vue, visible. Ce n’est plus elle qui tient les rênes de notre vie. L’homme, corps-âme-esprit, debout, libre de se voir, devient acteur de sa vie, responsable de lui-même et de l’univers. »
Article de Claire Eggermont, pour Inexploré n°49, printemps 2019
En savoir plus :
- Votre corps a une mémoire, Myriam Brousse, éd. Marabout, 2007.
- Si mon corps m’était conté, Véronique Brousse, éd. Quintessence, 2013
- Au risque d’être soi, Myriam Brousse, éd. Eyrolles, 2019