« Chaque partie de votre corps recèle des merveilles, des secrets et des miracles sacrés. Il est très important que l’être humain regagne un contact respectueux et même de l’admiration pour l’Œuvre qui se cache dans son corps», affirme Shin, fondateur de l’école MIN-ILIT pour la Paix Libre et la Dignité Humaine. Pour les traditions anciennes, auxquelles se réfère ce maître spirituel, il est évident que notre corps physique ne pourrait exister sans être animé par une énergie vitale universelle, appelée selon les cultures Qi, Ki ou prâna. Les Manuscrits de la mer Morte et les plurimillénaires Védas donnent d’ailleurs des précisions étonnantes sur l’anatomie sacrée et énergétique du corps humain et sur la manière dont il serait « irrigué » par cette énergie. D’après ce savoir ancestral et les nombreuses recherches de thérapeutes et scientifiques actuels qui tendent à le confirmer, notre structure énergétique serait infiniment plus grande que notre corps physique, qui ne serait que la pointe émergée de l’iceberg de notre être. « Partie intégrante du corps physique de l’homme, mais aussi et surtout partie extérieure à celui-ci, le plaçant comme dans un cocon, c’est dans cette structure énergétique que tout se réunit, que tout est mis en place, que tout s’organise et que la vie prend forme. Elle est créée dans une architecture parfaite, dans cette notion de perfection liée à l’état primordial », écrit Monique Schloupt.
Les recherches de cette énergéticienne rejoignent les courants de l’ayurvéda ou des soins esséniens selon lesquels chaque partie de notre corps aurait sa contrepartie sur le plan subtil. « Il n’existe pas la moindre cellule qui n’ait pas été préformée par une autre de nature éthérique, écrit Daniel Meurois. Tout organe de chair possède, en amont, son double éthérique qui lui transmet ses caractéristiques et sa vitalité. » D’après ces lois, l’énergie cosmique, universelle ou divine – selon les appellations -, pénètrerait par le sommet de notre crâne et descendrait le long de notre corps par le « canal sushumna », sorte de double de notre colonne vertébrale. Décrit par Monique Schoulpt comme le fil électrique qui permettrait à notre corps de fonctionner, ce canal irriguerait tout notre corps, rediffusant l’énergie au travers de sept centres principaux – les chakras – et de plusieurs dizaines de milliers de petites veines subtiles, appelées « nadis ». Selon la perception des Esséniens et des Egyptiens décrites par Daniel Meurois, les chakras auraient un pôle réceptif situé sur le côté dorsal du corps tels des sortes d’entonnoirs captant l’énergie de Vie, et un pôle émissif situé sur la face avant du corps d’où ils propulseraient cette énergie telles des fontaines. « Plus une personne est élevée spirituellement, plus son canal s’amplifie et plus son corps sera empreint d’énergies jusqu’à ce qu’il en soit complètement immergé, accédant à un état de paix et de sagesse caractéristiques des personnes éveillées », précise Monique Schoulpt.
Les différentes « enveloppes » de notre être
Toutes les médecines qui tiennent compte de cette structure énergétique de l’être humain s’accordent à reconnaître l’existence de plusieurs corps qui se superposeraient à notre corps physique à la manière de poupées gigognes. « Nous pensons communément que ces corps nous entourent, nous explique Agnès Labaune, naturopathe et praticienne en soins esséniens. Mais ce n’est pas le cas. Plus ils sont subtils, plus ils sont repliés à l’intérieur du corps physique. Ce que l’on peut voir ou sentir à l’extérieur n’est que leur émanation, que l’on appelle aura. » Si les Manuscrits anciens reconnaissent l’existence de ces corps, de légères divergences persistent quant à leur nombre, leur forme et leur qualification. Dans l’ensemble, les Traditions distinguent quatre corps subtils tous inter-reliés : le corps éthérique, le corps émotionnel, le corps mental et le corps causal. En y ajoutant le corps physique, les Védas parlent de « Pancha Kosha » ou les « cinq enveloppes » de l’être.
- Le corps éthérique: Ce serait le seul qui se situerait à l’extérieur de notre corps, telle une sorte de manteau de 2-3 cm d’épaisseur. D’après Agnès Labaune, « il est la force vitale qui nourrit le physique, le point de rencontre et d’échanges d’informations entre l’énergie dense du corps physique et l’énergie subtile des plans spirituels. »
- Le corps émotionnel: Très fluctuant et instable, il varie au fil des émotions qui nous traversent quotidiennement. Il reflète notre manière de gérer nos émotions. Soit elles se dissolvent au fil de notre chemin, soit elles s’accumulent et peuvent se densifier jusqu’à influer sur la couleur de notre aura émotionnelle.
- Le corps mental : C’est là que se forment nos pensées, nos réflexions, notre capacité de synthèse et d’organisation. Certaines pensées particulièrement fortes et ressassées peuvent créer des amas énergétiques appelés « formes pensées » qui viendront se cristalliser dans ce corps. « Ces formes pensées vont prendre une forme géométrique, plus ou moins harmonieuse ou chaotique, qui se voit sur l’aura mentale, ajoute Agnès. Selon ses sens, le praticien peut voir des odeurs, des images, des scènes qui lui sont associées. En général, la personne va revivre des situations qui vont permettre à cette forme-pensée de se nourrir. A force, cela va créer une brèche dans les autres corps et éventuellement une maladie. »
- Le corps causal : C’est le corps des causes et des mémoires profondes ; celui où est inscrit le projet de l’âme et les vies passées. D’après Daniel Meurois, « il contient toutes les informations sources qui sont à l’origine de qui nous sommes et de pourquoi nous sommes soumis à telle ou telle circonstance de vie. » Les Indiens le nomment « corps d’intuition » et lui associent la possibilité pour l’être humain d’accéder à une Connaissance directe et de capter des informations stockées dans l’akasha.
Certains courants de pensée font également référence au corps « astral », l’assimilant tantôt au corps émotionnel, tantôt au corps mental. Les anthroposophes le dénomment ainsi de par sa capacité à se détacher du corps physique, durant le sommeil, et à se régénérer au contact de la lumière astrale et des sphères planétaires. Ce corps serait porteur de nos désirs et aversions, envies et libido. C’est lui qui permettrait les voyages hors du corps.
Inclus ou non dans le corps causal, certains thérapeutes et certaines traditions distinguent un corps encore plus subtil appelé « corps essentiel » par certains, « corps de félicité » chez les Indiens. Pour eux qui croient en la réincarnation, seul ce dernier corps reviendrait de vie en vie alors que nous quitterions nos autres enveloppes lors de la mort. Il serait associé à notre âme, notre Soi, notre être profond.
D’après Kiran Vyas, spécialiste de l’ayurveda, « nous naissons tous avec ces cinq premiers corps qui globalement se développent normalement chez chacun de nous. Mais les Védas mentionnent que nous pourrions bénéficier de corps encore plus subtils à condition de les développer intentionnellement par une pratique spirituelle et un art de vie particulier. » Selon lui, à partir des sixième et septième corps, nous pourrions avoir accès à d’autres dimensions de l’espace et du temps. « En développant ces corps, nous pouvons rapporter des informations en provenance du futur ou accéder à la Connaissance du passé, nous explique-t-il. Ce que décrit la Science-fiction, selon les Védas, ce sont des possibilités absolues. Intellectuellement, c’est passionnant ! Mais plus que cela, c’est la discipline intérieure et l’expérience qui nous permettent d’entrer et de sentir ces autres dimensions. »
Les centres de cure ayurvédique Tapovan créés par Kiran Vyas accordent une attention particulière aux périodes de la préconception et de la prénatalité, considérées comme fondamentales dans le développement des corps subtils du bébé en devenir. « Les deux parents peuvent travailler de telle manière que le sperme de l’homme et l’ovule de la femme soient préparés au mieux pour favoriser le bon développement des corps subtils du bébé. L’enfant bénéficiera alors d’une meilleure immunité, d’une sensibilité plus fine et de capacités artistiques et intuitives plus grandes. Cela peut paraitre étrange mais c’est tout naturel. Comme un agriculteur prépare son champ et choisit ses meilleures graines avant de l’ensemencer ! ».
Troubles et guérisons
D’après les différents médecins et thérapeutes interrogés sur le sujet, tout au long de notre vie, tous les chocs que nous rencontrons viennent s’inscrire sur nos différents corps. S’ils sont en bon état, harmonieusement développés, ils ont la capacité de « digérer » les expériences ou informations de toutes sortes auxquelles nous sommes confrontés et de nous ramener vers l’équilibre. Mais à force, ce que nous n’avons pas pu ou pas su intégrer – pollution environnementale, ondes électromagnétiques, accidents, agressions, traumas, etc. – vont finir par les saturer, créant en eux des faiblesses, fuites ou intrusions, porosités ou rigidités. « Le mouvement de l’énergie se trouve altéré. Le canal central d’énergie se ferme, ne laissant plus passer qu’un flux minimum d’énergie. Les nadis se replient, les centres principaux sont moins actifs et le taux vibratoire diminue. Le corps physique, n’étant plus irrigué énergétiquement, puise dans ses réserves jusqu’à l’apparition de premiers symptômes », détaille Monique Schoulpt. D’après Kiran Vyas, il se pourrait même que les différents corps soient tant abimés que le corps de félicité ne puisse plus s’exprimer et attende la mort pour se déployer de nouveau dans une autre incarnation et un autre environnement.
Pour ces différents thérapeutes, recouvrer la santé, c’est permettre à l’énergie de Vie dans son expression la plus pure de se remettre à circuler à travers tous nos corps et toute notre structure. Pour cela, un travail de purification du corps et de l’esprit sera nécessaire, suivi d’une fortification des corps avec des pensées et habitudes positives. « Notre santé est en lien avec la capacité de nos différents corps à traiter de l’information correctement. Plus l’information qu’ils reçoivent est harmonieuse et structurée, plus elle sera facile à digérer. Il s’agit donc de faire attention aux carburants avec lesquels on nourrit chaque jour nos corps et cela concerne autant ce que l’on mange, ce que l’on boit, que les relations que l’on entretient, les croyances que l’on porte, le mode de vie que l’on a », ajoute Agnès Labaune. Kiran Vyas la rejoint en insistant sur la respiration et le calme mental comme des vecteurs de santé pour notre corps vital, permettant de mieux faire face à ce qui nous vient de l’extérieur et de développer une belle aura de protection autour de soi. Les chants sacrés, les ballades en nature, le yoga seront aussi de bonnes nourritures pour nos corps subtils, tout comme les massages ayurvédiques venant dissoudre la fatigue et les crispations de toutes sortes, réharmoniser les deux hémisphères cérébraux, diffuser l’énergie du cœur et renforcer l’enracinement. «Au final, conclue Kiran Vyas, ce n’est pas tant une question de santé mais de réalisation de Soi. Fortifier nos corps et cheminer intérieurement vers cet état de Joie qui est notre but ultime. »
Reportage de Claire Eggermont.
Pour Inexploré n°42, printemps 2019
En savoir plus :
- Les énergies et les corps subtils, Monique Schloupt, Le Courrier du Livre, 2016
- Le grand livre des thérapies esséniennes et égyptiennes, Daniel Meurois et Marie-Jeanne Croteau, Le Passe-Monde, 2016
- Centres de soin ayurvédique Tapovan : http://www.tapovan.com
- Le blog d’Agnès Labaune : http://www.agnesnaturo.fr